Le marché couvert de Joigny

Réputé dans la région, le marché couvert de Joigny, de type Baltard, se déploie sur une surface de plus de 1 800 m2. Sa construction, qui débuta en 1882, suscita contestations et polémiques. Son emplacement fit débat, avant qu’on abandonne l’idée de le bâtir au cœur de la vieille ville et qu’on décide de l’édifier le long de l’Yonne.

On en trouvera une étude complète dans L’Echo de Joigny, n°41 (« Spécial marché couvert »), sous la plume de G. Macaisne.

Dans leur livre, Joigny : au cœur de l’Yonne (ACEJ, 2002, p. 214-216), Eliane Robineau et Madeleine Boissy dressent les contours de l’histoire du marché :

« Avant 1882 les marchands locaux installaient leur étal sur des tréteaux dans différentes rues :

  • bas de la Grande Rue – actuelle rue Cortel (marchandes de beurre-œufs-fromages, volailles et poissons)
  • haut de la Grande Rue (maraîchers de Joigny)
  • rue Montant-au-Palais (maraîchers des environs dont Fleury)
  • quai de Paris (échalas, paisseaux, gluis, fourrage)
  • rue du Petit marché (fruits)
  • place du Pilori (mercerie, laine sabots, bonneterie, bimbeloterie)
  • place et rue des Boucheries (viandes de boucherie, charcuterie)

L’ouverture des marchés était annoncée au son de la cloche en haut de la Grande Rue. Aucune transaction ne se faisait avant ce signal.

(…)

Au XIXe siècle, la circulation était de plus en plus difficile, une certaine insalubrité régnait, il était malaisé d’évacuer les détritus ; des épidémies se déclaraient, dont la typhoïde. Il était nécessaire d’envisager l’aménagement d’un emplacement plus spacieux, mieux adapté et couvert. Paris avait donné l’exemple en 1850 ; en 1873, la ville d’Auxerre avait acheté à Lyon un pavillon métallique. En 1882, la ville de Joigny fait entreprendre la construction d’un marché couvert.

Pendant plus de dix ans, les maires rencontrèrent de nombreuses difficultés. Ils se heurtèrent aux opinions, aux intérêts, aux habitudes des Joviniens et des marchands, lorsque la construction d’un marché couvert fut évoquée. Une sérieuse effervescence se créa, des pétitions circulèrent. Le nouveau maire, H. Bonnerot, ramena le calme et, avec l’aide du Commandant Huck, conseiller municipal, trouva une solution raisonnable.

Pour implanter un marché couvert au cœur de la vieille ville, entre l’église Saint-Thibault et la Grande Rue, expropriations, démolitions étaient nécessaires. L’adjoint Huck envisagea la construction d’un marché couvert le long de l’Yonne sur la promenade du Midi. Il fut proposé d’établir des tentes-abris.

En septembre 1882, les membres du conseil municipal délibèrent : à l’unanimité, un marché sera construit sur la promenade du Midi, la façade édifiée le plus près possible du pont. Un emprunt est contracté à 5% pour 50 ans. Monsieur Lorin, maire d’Auxerre, Monsieur Wormy, commandant du génie, Monsieur Garbe, architecte-voyer sont désignés pour composer le jury qui examinera les différents projets proposés par plusieurs architectes et constructeurs français. Lefort et Roblot sont chargés de l’exécution. Il est prévu une halle à structure métallique de type Baltard.

En 1884, l’édification commence mais les travaux subissent de nombreuses interruptions.

En 1885, la couverture n’est que partiellement posée : le jour de mardi-gras, des jeunes gens promènent en ville un cercueil sans couvercle, allusion au marché couvert sans toiture. Il y a de nombreuses imperfections. Le lanterneau causera bien des soucis ainsi que les persiennes et le faîtage en plomb. L’affaire sera soumise au Conseil d’Etat qui décidera des modifications à apporter ».

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